À propos de “In a pink room” I

par Dores Saquegna

Les œuvres de Maria Luisa Imperiali restituent, dans une atmosphère chargée de symboles, la figure d’un corps suprême ouvert aux relations et aux interactions avec un univers magique et secret : un corps transfiguré par l’artiste et protégé par des formes mystérieuses, des présences sculpturales archétypales ou des éléments d’usage quotidien.
L’utopie de Maria Luisa ne cherche pas la rupture avec le passé, mais tente de retrouver la dimension poétique et mythique de l’homme, en renouant les liens avec les origines. La “chambre rose” devient un lieu sacré, métaphoriquement lié à la structure de l’univers, à la terre, et en même temps au ciel. Une pensée dirigée vers les mutations de l’homme, une hypothèse qui permet de concevoir une cosmogonie dans laquelle la conscience devient le vecteur d’une transfiguration idéale du monde à partir de son fondement anthropologique. L’humanisation de la nature et la naturalisation de l’homme se pénètrent jusqu’à l’obtention d’une humanité idéalisée.
Elle est consciente d’avoir une double identité : occidentale et orientale, traditionnelle et contemporaine, et pour elle, toute culture est un produit à consommer. Son sujet préféré est son propre corps transfiguré et réinterprété à la lumière de l’histoire de l’art figuratif ; sa position artistique, en revanche, est celle de créer continuellement des ponts entre réalité et rêve, donnant naissance à des figures étranges et fantastiques.
Dans la série “Pink Moon / Lune rose”, l’artiste incarne une mère et ses deux enfants transfigurés dans la lumière théophonique, qui devient espace et silence, mais aussi rituel dans un temple où, comme le disait Calvino, on entend “le saut du bouffon”, celui qui pénètre l’air à l’intérieur des choses sans les briser. Les visages de nos protagonistes sont glorifiés par la lune / auréole, et dans leurs membres vibrent des particules atomiques symbolisant le passage entre l’être intérieur et extérieur, entre le plein et le vide, entre l’indivisible et l’immuable.
Dans cette galaxie rose, les serpents / spermatozoïdes représentent le symbole de la renaissance face à la maladie et à la mort, grâce à leur capacité à entrer sous terre et à en ressortir, mais aussi à leur aptitude à changer de peau. L’homme vit dans un univers de symboles, et il est lui-même symbole, microcosme d’un macrocosme. Et c’est précisément dans cette “humanité désacralisée” que la naissance est célébrée selon le paradigme de la recherche continue de la vérité comme révélation — dévoilement du sens de son existence, antérieure aux lois des dieux et des hommes, qui ne fait pas de distinction entre vivants et morts, passé, présent et futur.
Et dans la “chambre rose”, l’artiste joue avec ses personnages, presque comme s’ils étaient des alter ego, rassemblant les différences comme expressions concrètes d’une volonté de changement. Je pense au conte de Lilliput de Jonathan Swift, en observant cette chambre rose, dans laquelle l’artiste a mis en scène une sorte de parodie de maison de poupée, où cohabitent en un même espace des objets épars comme “Pink Skin”, une sorte de foreuse géante, ou la Big Mama, une volumineuse matriochka contenant dans son enveloppe matérielle des objets du quotidien, ou encore la petite fille en combinaison rose allongée au sol, contemplant toute sa famille.
Un monde imaginaire, peut-être, ou une boîte à rêves où l’on peut naviguer sans boussole et voler sans parachute, où les différentes nuances de rose suggèrent des sensations multiples, où règnent des atmosphères inédites : un fil rouge entre le désir de clore l’histoire et la tentation de l’insérer aussitôt dans une nouvelle “boîte rose”.

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