Je me suis enfin construite ma poupée et j’ai compris, à travers la matriochka, l’unique poupée qui échappe à l’idée de poupée, que même la plus petite, aux traits confus, avait le droit de voyager seule… au fond, c’était la seule entière. Mais elle n’avait ni odeurs, ni orifices, ni chair… seulement des couleurs, vives et éclatantes, des décors abstraits pour sarcophages féminins. La pureté de la forme et l’absence de mouvement… et toi, petite fille, tu apprends à rester immobile comme une poupée, cela fonctionne même une fois adulte. Tous sont beaux lorsqu’ils demeurent figés dans une certaine posture. Les dames croisent les jambes d’une certaine manière, tandis que les poupées se brisent en fentes prodigieuses entre les mains de toutes les petites filles, mais aussitôt elles reviennent parfaites.
Je la voulais mienne. (Lire la suite)




